Inspire retient son souffle (et agit)
Vote de la Directive sur la qualité de l’air
Demain 13 septembre 2023, le Parlement européen se prononcera sur la révision de la Directive sur la qualité de l’air. Les valeurs limites européennes actuelles datent de 2008 et sont basées sur des connaissances incomplètes, voire obsolètes. Elles sont inadaptées à la réalité et ne protègent pas suffisamment la santé des Européens, ceci n'est d'ailleurs un secret pour personne dans la vallée de l'Arve.
Agir coûtera moins cher que de subir
Cette révision doit permettre un alignement sur les valeurs définies par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour protéger notre santé et sauver de nombreuses vies. Cerise (économique) sur le gâteau, le coût de l'action pour améliorer la qualité de l’air sera nettement moins important pour l'économie européenne que le coût de l'inaction. Jusqu'à 5 fois moins cher pour un alignement sur les valeurs de l'OMS d'après l'étude de la Commission européenne.
En septembre 2021, l'OMS avait publié de nouvelles valeurs guides, prenant en compte l'évolution des connaissances scientifiques. Ces nouveaux seuils divisent par 4 les normes européennes en vigueur pour les particules fines PM2,5 et le dioxyde d'azote. C'est dire si les normes européennes actuelles sont lacunaires.
80% des décès liés à la pollution de l'air pourraient être évités
Juste avant l'été, la Commission environnement du Parlement européen avait adopté un texte rassurant, réjouissant même, qui rehaussait l'ambition du texte proposé par la Commission européenne en octobre 2022 et proposait un alignement complet sur les recommandations de l'OMS. 80% des décès liés à la pollution de l'air pourraient être évités si ces recommandations étaient respectées. Le jeu en vaut manifestement la chandelle !
Et pourtant le vote s'annonce beaucoup trop serré
Pour le vote en plénière de mercredi, de nombreux amendements ont été déposés par des députés de droite, d'extrême droite et même de Renew (Renaissance), visant à saper l’ambition du texte et à protéger... les plus grands pollueurs. Ces manoeuvres sont odieuses, et pourtant, le vote s'annonce très serré.
C'est pourquoi nous retenons notre souffle et nous appelons les députés européens à adopter le texte proposé par la Commission environnement en juin 2023 pour protéger la santé, mais aussi les finances publiques. Affaiblir ce texte serait sacrifier de nombreuses vies humaines et continuer à grever les finances publiques. Un non-sens intolérable et tellement anachronique, alors que la qualité de l'air est une des premières préoccupations des citoyens européens.
Pour aller plus loin
Impact en France
La pollution de l'air tue et rend malade. En France, la pollution de l'air aux particules PM2,5 provoque 40.000 décès par an et celle au dioxyde d'azote (NO2) 7.000 décès par an, d'après Santé Publique France. C'est 8 mois d'espérance de vie en bonne santé qui sont ainsi perdus par habitant.
La mauvaise qualité de l'air coûte 100 milliards d'€ par an en France, d'après un rapport du Sénat (dépenses de santé, perte de productivité due aux maladies, baisse des rendements agricoles et sylvicoles), soit un coût de 1 470 €/habitant/an. C’est deux fois plus que le tabac avec son coût annuel de 47 milliards d’euros.
En Haute-Savoie (d’après Santé Publique France)
La Haute-Savoie est gravement touchée. 400 personnes décèdent chaque année dans le département à cause de la pollution aux particules PM2,5 et près de 200 personnes à cause de la pollution au dioxyde d'azote. La pollution de l'air cause environ 1 décès sur 10 en Haute-Savoie.
Dans la vallée de l'Arve, 93 décès par an sont causés par les particules PM2,5 et 40 décès par le dioxyde d'azote, soit respectivement 8,8% et 3,8% de la mortalité totale annuelle du territoire.
La pollution chronique du Grand Annecy est encore plus meurtrière en nombre de décès comme en taux de mortalité. 9,5% de la mortalité totale annuelle du territoire est due aux particules PM2,5 et 4,1% au dioxyde d'azote.
Les dernières études d'impact sanitaire en lien avec la pollution de l'air
Maladies neurodégénératives et mentales
+ 6 à 7% de risque de démence
+ 9% de risque de maladie d'Alzheimer
+ 17% des cas de troubles bipolaires
+ 20% des cas de troubles de la personnalité
Atteintes cardiaques
+ 24% de risque d’AVC pour chaque hausse de 5 μg de PM2,5 m3 d’air
Cancers du sein
Jusqu’à 9% de cancers du sein pourraient être prévenus, si les femmes étaient exposées à des taux de NO2 inférieurs au seuil actuel recommandé par l'OMS en 2021.
Seulement 1% évités avec les seuils européens actuels.