NOUVELLES VALEURS GUIDES DE L’OMS

Révision des seuils pour la qualité de l’air en 2021

L'organisation mondiale de la santé (OMS) a révisé ses valeurs guides concernant la qualité de l'air, le 22 septembre 2021, afin de promouvoir la santé. Face aux preuves irréfutables examinées, l'OMS a revu ses seuils à la baisse pour la plupart des polluants. Ainsi:

  • La valeur guide annuelle pour les particules fines PM2,5 est divisée par 2 (elle passe de 10 à 5 µg/m3). À noter que la valeur réglementaire européenne est 5 fois plus élevée (25)

  • Celle pour le dioxyde d'azote NO2 est divisée par 4 (elle passe de 40 à 10).

  • Une valeur guide voit le jour pour l'ozone O3.

Au-delà de ces valeurs guides, la pollution de l’air fait peser d’importants risques sur la santé.

 
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La pollution de l'air est responsable de 7 millions de décès par an à l’échelle mondiale. Avec le respect des anciennes valeurs guide de 2005, cette pollution causerait tout de même 5,5 millions de morts dans le monde. Sur le continent européen, 500.000 personnes décèdent chaque année de ce fléau.

La pollution de l’air peut entraver le développement pulmonaire de l'enfant, aggraver l’asthme et provoquer des infections respiratoires. Chez l’adulte, elle entraîne des troubles cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux, et est liée au diabète de type 2 et aux maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer.

Plus l’exposition à la pollution atmosphérique est importante, plus les conséquences sur la santé sont grandes, en particulier chez les personnes atteintes de maladies chroniques (comme l’asthme, la bronchopneumopathie chronique obstructive et les cardiopathies), ainsi que chez les personnes âgées, les enfants et les femmes enceintes.

80% de ces décès pourraient être évités si les nouveaux seuils de l'OMS étaient respectés.

En France, 50.000 à 100.000 personnes perdent la vie chaque année en raison de la pollution de l'air. Il s'agit donc d'une pandémie, invisible celle-ci, qui touche notre pays année après année sans que des plans d'action efficaces soient mis en place.

Les valeurs européennes moins protectrices

Les valeurs réglementaires européennes sont beaucoup moins protectrices pour la santé que les valeurs guides de l’OMS. Or, la France n'arrive même pas à respecter les valeurs réglementaires de 40 µg/m3 air pour le dioxyde d'azote et a déjà été condamnée à une amende de 10 millions d'euros par le Conseil d’État en juillet 2021. Elle est aussi en contentieux avec la Cour de Justice de l'Union Européenne pour ce polluant, émis à 60% par le secteur des transports (principalement le diesel). Les dépassements ont déjà été constatés par la Cour. Dans un prochain jugement, ce sont de lourdes amendes qui risquent d'être infligées à la France.

Diviser par 4 le niveau de ce polluant implique de mener une révolution dans le domaine des transports, avec une sortie la plus rapide possible du diesel, dans le transport de marchandises comme dans la mobilité individuelle. Le report vers des modes de transports beaucoup moins polluants, comme le ferroviaire et les mobilités actives, doit être accéléré, afin de sauver des vies face à cette pandémie invisible.

Le respect de la valeur guide de 5 µg/m3 d’air pour les particules PM2,5 sera difficile à obtenir et implique une réduction drastique des émissions liées au chauffage au bois, mais aussi aux transports, à l’industrie et à l’agriculture. Ce polluant est le marqueur de la pollution chronique, qui est la plus délétère pour la santé (beaucoup plus que les pics de pollution).

Les habitants presque tous exposés en Haute-Savoie

Que ce soit pour les particules PM2,5 ou le dioxyde d’azote NO2, pratiquement 100% des haut-savoyards sont exposés à des niveaux supérieurs aux nouvelles valeurs guide de l’OMS.

 
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Source : Atmo Auvergne Rhône-Alpes
 

Et les autres polluants?

L'OMS propose des actions afin de mieux surveiller, chiffrer et réduire l'impact de certaines particules sur la santé: le carbone suie, les particules ultrafines et les poussières de déserts. À ce stade les informations et études ne sont pas encore assez nombreuses et robustes pour pouvoir proposer des valeurs guides.

Pour l'OMS, le lien est établi entre la qualité de l'air et le climat. En effet, certains polluants atmosphériques (le carbone suie et l’ozone en particulier), contribuent au changement climatique. La réduction de l'utilisation des combustibles fossiles et de biomasse ferait baisser les émissions de gaz à effet de serre ainsi que les concentrations des polluants. Une action gagnant-gagnant dans la lutte contre le changement climatique et contre la pollution de l'air.

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