Avis de perturbation

Eboulement en Maurienne, travaux au tunnel du Mont-Blanc, les passages alpins perturbés par des impératifs de sécurité et des évènements naturels, exacerbés par le dérèglement climatique.

Suite à un éboulement de grande ampleur, le 27 août 2023 en Maurienne (entre Le Freney et la Praz), le trafic sur la départementale D1006, l'autoroute A43 et la voie ferrée Chambéry-Modane, ont été interrompus.

L'accès aux poids lourds a été interdit au tunnel du Fréjus et les camions du trafic international entre la France et l'Italie se sont reportés pendant deux semaines sur le tunnel du Mont-Blanc, totalement saturé par cet afflux de trafic supplémentaire en pleine saison touristique.

La ligne ferroviaire, qui passe en galerie à l'endroit de l'éboulement a été touchée, notamment en ses extrémités, au vu de l'ampleur de la chute de roches. Des travaux seront nécessaires avant sa réouverture.

Le chantier-test de rénovation de la voûte du tunnel du Mont-Blanc, qui devait débuter le 4 septembre, a par conséquent été reporté à l'année prochaine. D'importantes opérations de maintenance auront toutefois lieu, nécessitant la fermeture totale du tunnel pendant 9 semaines, du 16 octobre au 18 décembre 2023.

Fragilité et manque de résilience

Nous dénonçons depuis de nombreuses années le report du trafic des poids lourds d'une vallée sur l'autre, sans réelle action pour développer le fret ferroviaire en France. Face au risque d'éboulement et d'évènements climatiques fortement accrus par le dérèglement climatique déjà à l'oeuvre et visible dans les Alpes, il est urgent d'avoir enfin une vision et des solutions d'ensemble pour la traversée des Alpes des marchandises.

Il est bien évidemment impératif d’agir pour réduire les émissions de gaz à effet de serre en permettant à davantage de marchandises de traverser les Alpes par le rail.

La mission gouvernementale s'interroge sur la faible utilisation du rail

Un travail de l'IGEDD est en cours à ce sujet. L'inspecteur en charge de cette mission d'évaluation a la conviction que le tunnel ferroviaire actuel est un bon ouvrage. Pour lui, la question est de savoir pourquoi le tunnel du Mont Cenis n'est pas utilisé à pleine capacité, alors qu'il a été mis au grand gabarit après de longs travaux.

L’inspecteur remet en cause des pratiques et des règles qui ont en réalité pour effet de réduire le trafic ferroviaire qui circule dans ce tunnel. L'inspecteur, qui n'est autre que Vincent Pourquery de Boisserin, Président de l'Établissement public de sécurité ferroviaire (EPSF), se demande par exemple quelle est la justification pour interdire tout croisement de train de marchandises avec un train de voyageur, même quand il s'agit d'un train de gravats.

Il met en question aussi le soit-disant nombre restreint de sillons ferroviaires, qu'il considère être un faux problème. Cette excuse est pourtant brandie par nos autorités depuis de nombreuses années pour justifier le peu de trafic fret empruntant la ligne ferroviaire existante.

Les résultats de la mission d'inspection seront rendus au gouvernement à la fin 2023 ou début 2024.

 

@TRM24

 

Des camions sous caténaire (ou sous perfusion?)

Une solution poussée actuellement par le lobby routier serait de continuer à tout transporter par la route, mais avec la "route électrique", qui consisterait à installer des caténaires ou un rail sur les routes alpines et faire circuler des "trains" de poids lourds le long des ces installations. Le projet expérimental eRoadMontBlanc vient d'ailleurs d'être lancé par l'ATMB dans la vallée de l’Arve.

La solution électrique existe déjà, elle s'appelle le rail et est 6 fois moins consommatrice d'énergie que la route. Le camion conserve son grand désavantage de rouler sur des pneus, fortement émetteurs de polluants microplastiques que l'on retrouve partout dans l'environnement, de nos lacs alpins à la mer et de l'air à nos poumons. De plus, l’impact carbone de l’installation de ce système de caténaire et des moteurs des camions, doit être évalué et pris en compte, ainsi que son impact environnemental en cycle de vie complet (impacts sur l’air, l’eau, les sols, les écosystèmes et le vivant.

Le Lyon-Turin pour 2032 au mieux

Quant aux voix qui nous laissent encore et toujours croire que le creusement du tunnel de base Lyon-Turin est la solution, il convient d’être réaliste, car ce projet pharaonique est sans cesse repoussé. Au mieux, le tunnel de base sera en service en 2032. Souvenez-vous, en 2002, au moment de la réouverture du tunnel du Mont-blanc, le ministre des transports de l'époque nous annonçait l'ouverture de ce tunnel et de ses voies d'accès en 2012 ou 2013!!

La ligne existante sous-exploitée

À court et moyen terme et pour faire face aux longues périodes de fermeture du tunnel du Mont-Blanc pour des travaux de grande ampleur, la solution la plus écologique est de mieux utiliser la ligne ferroviaire existante pour traverser les Alpes.

Anne InspireCommentaire