impact sur notre santé
Le lourd tribut sanitaire de la pollution de l'air en Haute-Savoie
Étude publiée par Santé Publique France le 14 octobre 2021 - Rapport Évaluation quantitative d'impact sur la santé (EQIS) de la pollution de l'air ambiant en région Auvergne-Rhône-Alpes, 2016-2018 - 66 pages
Conclusions clés
Dans la vallée de l'Arve, 93 décès par an sont causés par les particules PM2,5 et 40 décès par an par le dioxyde d'azote. La précédente étude de 2017 estimait que 85 décès par an étaient imputables à la pollution de l'air dans la vallée.
La pollution chronique du Grand Annecy est plus meurtrière que celle, plus spectaculaire et plus médiatisée, de la vallée de l'Arve, en nombre de décès comme en taux de mortalité.
La Haute-Savoie gravement touchée. 400 personnes décèdent chaque année dans le département à cause de la pollution aux particules PM2,5 et près de 200 personnes à cause de la pollution au dioxyde d'azote. La Haute-Savoie est dans le trio de tête des départements les plus touchés de la région Auvergne Rhône-Alpes, avec le Rhône et l'Isère.
À l'échelle régionale, 4.300 décès par an sont attribuables à la pollution chronique aux particules PM2,5 et 2.000 décès par an au dioxyde d'azote, le traceur de la pollution routière.
L'impact sanitaire évalué au niveau régional
Santé Publique France a publié une étude innovante, permettant d'évaluer et de comparer l'impact sanitaire de la pollution de l'air, de façon chiffrée, à l'échelle de toute la région Auvergne-Rhône-Alpes. Ce sont les grandes agglomérations de Lyon et Grenoble, la vallée du Rhône et des vallées alpines qui paient le plus lourd tribut en termes de décès attribuables aux PM2,5 et au NO2.
Grâce à une modélisation à plus fine échelle d'Atmo Auvergne-Rhône-Alpes et à un nouvel outil de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les résultats sont plus complets et plus précis qu'avec les Études Quantitatives d'Impact Sanitaire (EQIS) précédentes.
Au-delà de l'analyse de l'impact de la pollution chronique (particules PM2,5), l’impact sur la santé lié au trafic routier a pu être estimé (dioxyde d'azote NO2).
Zoom sur la Haute-Savoie
L'impact sanitaire s'alourdit dans la vallée de l'Arve
L’EQIS menée sur la vallée de l’Arve en 2017 est revue, en prenant en compte la mise en place d’une station de mesure des PM2,5 en 2015 à Passy. L’étude de 2017 sous-estimait l’exposition à la pollution dans la zone centrale de la vallée, comme l'avait dénoncé Inspire à la sortie de l’EQIS.
Ainsi, malgré une baisse globale des concentrations de polluants, les résultats en termes d’impact sanitaire sont en augmentation. 93 décès, contre 85 pour l'étude de 2017, sont à déplorer dans la vallée de l'Arve en raison de la pollution chronique aux particules PM2,5. La pollution routière cause quant à elle 40 décès par an. Soit, respectivement 8,8% et 3,8% de la mortalité totale annuelle de ce territoire.
La situation encore plus toxique à Annecy que dans la vallée de l'Arve
L'étude qui avait été réalisée à Annecy en 2014 n'est pas directement comparable avec cette nouvelle étude, mais indiquait déjà un impact sanitaire extrêmement préoccupant. La nouvelle étude montre que la situation sanitaire à Annecy est plus toxique que celle de la vallée de l'Arve, que ce soit en nombre de décès ou en taux de mortalité. Ceci est dû à la présence d'une pollution chronique, moins visible et plus sournoise, qui confirme que la santé humaine est affectée par des niveaux de pollution médiocres mais quotidiens.
L'OMS vient d'ailleurs de réduire drastiquement ses valeurs guides pour refléter l'impact plus néfaste que prévu de la pollution de l'air à des doses considérées comme modestes jusqu'à récemment. L’OMS estime que 80% des décès liés à la pollution de l’air pourraient être évités si ces valeurs guides étaient respectées.
Dans le Grand Annecy, la pollution de l’air aux particules PM2,5 est responsable de 9,5% de la mortalité annuelle totale du territoire et de 4,1% de la mortalité totale pour la pollution liée au trafic routier.
Niveaux et sources de pollution à l’échelle régionale
L’étude publie un graphique montrant que la pollution de l’air est globalement en baisse dans la région, hormis concernant l’ozone. L’impact sanitaire, lui, n’est pourtant pas en baisse. Ceci démontre une nouvelle fois qu’il est nécessaire d’avoir une connaissance plus détaillée de l’impact sur la santé des différentes sources de pollution. C’est avant-tout la composition chimique des particules qui définit leur toxicité par exemple, alors que la mesure des polluants dans l’air se contente encore trop souvent de les comptabiliser toutes au même niveau (en poids).
L’étude donne aussi les sources de la pollution de l’air pour la région, en moyenne.
Des actions doivent être mises en place
Santé Publique France rappelle que “ces résultats justifient la mise en place d’actions visant à réduire durablement la pollution de fond concernant toutes les sources de polluants (transports, logements, industries, agriculture...)”. Ces interventions induiront “de nombreux co-bénéfices sanitaires et sociaux, en particulièrement concernant les politiques visant à réduire la place de la voiture, à promouvoir les modes de transport actif et à développer un urbanisme favorable à la santé”. Des gains sanitaires sont possibles avec l'augmentation de l’activité physique et la réduction du bruit également. La lutte contre la pollution de l'air limitera aussi les émissions de gaz à effet de serre, dont les effets sur le climat ont déjà de fortes répercussions sur la santé.