L’empreinte carbone de la France
Une baisse en trompe l’œil
D’après les premières estimations du CITEPA, publiées en mars 2024, les émissions de gaz à effet de serre (GES) de la France ont baissé de -4,8% en 2023. C'est une nouvelle encourageante, mais cette baisse est davantage liée à des effets conjoncturels qu'à une action efficace de l'Etat et au changement de paradigme indispensable pour renverser la tendance.
De plus, ces chiffres concernent uniquement les émissions générées sur le sol français et ne prennent pas en compte les émission importées, relatives à nos achats de matières premières et de produits finis à l'étranger (les émissions importées).
L'empreinte carbone totale de la France est plus que doublée lorsque l'ensemble des émissions sont comptabilisées. Aux émissions rejetées en France, il faut ajouter celles qui sont induites par la consommation de produits venants de l’étranger pour obtenir notre empreinte carbone. 44% seulement de cette empreinte est générée en France et 56% à l'étranger.
Les raisons de la baisse des émissions sur le sol français
D'après le CITEPA, la baisse de la consommation énergétique en 2023 est liée à un hiver peu rigoureux et à l'augmentation des coûts de l'énergie, plutôt qu'à une action efficace de rénovation énergétique des bâtiments.
La baisse des émissions industrielles de -8% en 2023 s’explique quant à elle principalement par des baisses de production industrielle, qui ont connu un ralentissement de -7% pour le ciment et de -9% pour la chimie par exemple.
La baisse de -3% du transport routier est elle aussi attribuée à des effets ponctuels comme la hausse du prix à la pompe. Des éléments plus structurels commencent cependant à se faire sentir, comme la baisse des ventes de diesel au profit des véhicules électriques et hybrides et l'évolution des comportements vers plus de sobriété et le recours aux transports collectifs et au covoiturage.
Et enfin, un gros bémol, les résultats du transport aérien ne seront connus qu'en juin 2024 et ce secteur est fortement reparti à la hausse post-covid.
La responsabilité historique de la France
Le bilan de la France doit être interprété au regard du cumul de ses émissions. La France a été l'un des premiers pays à s'industrialiser et à avoir rejeté massivement du CO2 dans l'atmosphère. Il s'agit de notre "responsabilité historique".
La France représente 0,85% de la population mondiale mais est responsable de 2,34% du CO2 présent dans l'atmosphère aujourd'hui.
Souvent pointée du doigt, la Chine, avec 18% de la population mondiale est responsable de 14% du CO2 dans l'atmosphère.