Le grand mépris du gouvernement pour l’écologie
La France met les gaz pour foncer plus vite dans le mur !
Alors que, comme le rappelle régulièrement le Haut Conseil pour le Climat, il est urgent d'accélérer la transition énergétique, le gouvernement vient d'amputer sévèrement le budget de l'écologie, de la rénovation énergétique et de la mobilité durable et ce, de façon unilatérale et en dehors de tout débat démocratique. Dans le même temps, les subventions directes et indirectes aux énergies fossiles explosent.
En 2022, la France a dépensé près de 28 milliards d'€ en subventions aux énergies fossiles, 10 fois plus qu'en 2010. L'augmentation de ces aides est largement due à des exonérations fiscales ou ristournes sur le prix des carburants pour des secteurs tels que les transports routiers de marchandises, le transport aérien ou le carburant fossile des particuliers face à l'augmentation des prix de l'énergie. La France est généreuse dans ce domaine.
À peine quelques semaines après l'adoption du budget proposé par le gouvernement, sans vote et par un passage en force via le 49.3, Bruno Le Maire a annoncé 10 milliards d’économies dans le budget de l’Etat, par décret (Journal officiel du 22 février 2024).
Le poste "écologie, développement et mobilité durables" est le plus touché, avec une amputation de plus de 2 milliards d’€ (soit près de 10% de son budget). Le dispositif d'aide à la rénovation énergétique "Ma Prime Rénov", pour lutter contre les passoires thermiques et le mal-logement, perd un milliard d'€. Le "Fonds vert", destiné à accélérer la transition écologique des territoires, 400 millions d’€.
Pour le Réseau Action Climat (RAC), "l’État va ralentir le rythme de la rénovation énergétique, pourtant déjà largement insuffisant, et impacter les ménages les plus pauvres qui auraient le plus à gagner des économies d’énergies", ces annonces envoient un "signal déstabilisateur pour les investissements pour le climat".
Investir dans la transition énergétique c'est en réalité préparer l'avenir et améliorer la qualité de vie quotidienne des français dès aujourd'hui, par le développement de solutions de mobilité durable, un meilleur confort thermique dans les bâtiments et une réduction des factures énergétiques.
Par cette amputation de budget, le gouvernement prolonge encore la dépendance de la France aux énergies fossiles, pourtant si néfastes pour la qualité de l’air et pour le climat.
Que dit le Haut Conseil pour le Climat ?
Dans son rapport annuel de juin 2023, intitulé "acter l'urgence, engager les moyens", le Haut Conseil pour le Climat (HCC) enjoint la France à accélérer la transition, en particulier dans le domaine de la mobilité et de l'habitat. "La consommation des véhicules thermiques croît du fait de l’augmentation du poids des voitures, et l’électrification des véhicules utilitaires légers et des poids lourds se déploie trop lentement. La consommation d’énergie dans les bâtiments diminue trop lentement, et l’augmentation de la production des énergies renouvelables électriques est trois fois trop lente", pour le HCC.
Aux antipodes des coupes franches budgétaires prévues par le gouvernement dans ces domaines, le HCC est formel : "L’adoption de la réglementation du paquet Fit for 55 de l’Union européenne doit rapidement se traduire en mesures concrètes et nouvelles sources de financements en France et en Europe. L’adaptation doit passer du mode réactif prévalent aujourd’hui pour devenir transformatrice".