La pollution de l'air reconnue comme cause de décès

Une première au monde

Dans un jugement sans précédent dans le monde, la justice britannique a reconnu que la mort d'une fillette de 9 ans, après des crises d’asthme, était liée à la pollution de l’air à Londres.

Dans un premier recours, en 2014, la justice avait conclut qu’Ella était décédée en 2013 d’une insuffisance respiratoire aiguë causée par un asthme sévère. La maman d'Ella ne pouvant se contenter de ce verdict, a créé une fondation et, avec le soutien du nouveau maire de Londres, Sadiq Khan, lui-même asthmatique, demandé et obtenu une nouvelle enquête.

Le jugement du 16 décembre 2020, conclut cette fois-ci que le décès d'Ella est le résultat d’une exposition chronique à des niveaux de pollution élevés liés au trafic routier. Ella vivait au bord d'un axe important de la capitale. "Sur le certificat de décès d’Ella, il y aura désormais la vraie raison : la pollution", se satisfait sa maman. C'est la première fois au monde que la pollution de l'air est listée comme une cause médicale de décès sur un certificat de décès.

 
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7 millions de personnes meurent de la pollution de l'air chaque année dans le monde. Derrière ces statistiques se trouvent des personnes et de très nombreux enfants, 600.000 d'après les dernières études de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), dont Ella.

Pour l’avocate de la maman d’Ella, ce jugement aura une "portée juridique immense", en rendra visibles les victimes de ce "tueur invisible". "Cette décision ne me ramènera pas ma fille, mais j’espère qu’elle débouchera sur une prise de conscience collective" souligne la maman d’Ella, après 7 ans d'un difficile combat pour faire reconnaitre la véritable cause du décès de sa fille", précise la maman d'Ella.

Pour Maria Neira, de l'OMS, "La décision de la justice britannique est historique. Nous allons désormais pouvoir nous appuyer sur ce jugement pour passer à la vitesse supérieure, accentuer la pression sur les gouvernements et épargner des vies comme celle d’Ella qu’on n’a pas pu sauver".

 
@PA / Sipa

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Lien entre la pollution de l’air et les séjours à l’hôpital

Ce sont les travaux du professeur Holgate qui ont mis en évidence que les concentrations en particules fines et en dioxyde d’azote (NO2), gaz toxique émis principalement par les véhicules diesel, dépassaient largement les limites européennes et les recommandations de l’OMS autour du domicile d'Ella. Il a constaté que les crises d’Ella étaient corrélées aux pics de pollution. Lors des 3 années précédant son décès, Ella avait fait 30 séjours aux urgences à l'hôpital. Pour le professeur Holgate, ces séjours ont un lien frappant avec les pics de pollution autour de son domicile. La nuit du décès de la fillette a coïncidé avec un épisode de pollution particulièrement sévère.

Ce jugement pose de nouvelles fondations pour la reconnaissance du rôle de la pollution de l’air dans des dizaines de milliers de décès en Grande Bretagne et des centaines de milliers de décès en Europe. La justice britannique doit produire un rapport, assortit de recommandations, pour la prevention de décès liés à la pollution de l'air. La maman d'Ella espère que ce procès conduira aussi à une prise de conscience de la gravité du problème et à la définition d'une loi sur l'air.

Anne InspireCommentaire