Autoroute Ferroviaire Alpine: vers un déblocage ?
Prise de position commune des collectivités et associations
Jeudi 8 décembre 2016, juste avant une réunion prévue à Chamonix avec le Préfet de Haute-Savoie, les associations du Mont-Blanc et de Maurienne et la FRAPNA Rhône-Alpes, avec les collectivités de Savoie et Haute-Savoie (Mont-Blanc, Annecy, Chambéry), ont pris une position commune inédite, très ferme. Les signataires demandaient un arrêt temporaire du trafic international de transit des marchandises dans les vallées alpines, afin de protéger la santé des habitants face au pic de pollution en cours. Elles demandaient aussi, sans délai, le déploiement et développement du système d'Autoroute Ferroviaire Alpine (AFA), désormais parfaitement opérationnel, pour la traversée des Alpes par le rail.
Vers un déploiement de l'AFA rapidement ?
Le président de la Région Auvergne Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez a eu vent du communiqué, signé par deux de ses vice-présidents: Eric Fournier et Patrick Mignola. Dès samedi, il s’est rendu sur la plate-forme de chargement de l’AFA à Aiton, près de Chambéry, accompagné de plusieurs vice-présidents. Séduit par ce qu’il a vu et entendu, le président de la Région a annoncé qu’il voulait que ce service passe rapidement de 4 trains actuellement à 10 trains par jour, puisque c’est techniquement possible. Il souhaite l’extension de ce service vers l’est lyonnais, se dit prêt à engager des financements, et il veut présider lui-même un comité pour le développement de l’AFA. Le sujet sera discuté au Conseil Régional dès cette semaine.
Privilégier Ambérieu
Pour l’extension de l’AFA vers l’est Lyonnais, le nom de Grenay est automatiquement ancré dans la tête de nombreux décideurs. Or, cette solution est utopique à court ou moyen terme. Il faudrait rénover l’intégralité de la ligne entre l’est lyonnais, St-André-le-Gaz et Chambéry, ce qui demanderait plusieurs années. De plus, cette ligne est qualifiée de « ligne malade » par la SNCF et les usagers se plaignent des retards enregistrés sur cette voie empruntée par un fort trafic TER.
La solution existe déjà, puisque la ligne Dijon, Ambérieu, Chambéry, Modane a été entièrement modernisée et est au gabarit B1, pouvant accueillir tous les camions et remorques. Il faudra créer une plate-forme de chargement dans la région d’Ambérieu, ce qui est envisageable dans un délai de 2 à 3 ans. L’autre atout majeur en faveur d’Ambérieu est que la ligne se trouve au carrefour de deux corridors de fret européen: le corridor 2 en provenance du nord de l’Europe et le corridor 6, en provenance de l’Espagne. De plus, cette ligne peut permettre le transport des containers, pour le développement du transport combiné rail-route, avec son potentiel bien plus important de report vers le rail que l’AFA.
Des blocages politiques et administratifs
Bloqué en phase expérimentale depuis 2003, avec un trafic de seulement 30.000 poids lourds par an, le développement effectif de l’AFA, est une solution en faveur de laquelle les associations militent depuis de nombreuses années. A son lancement en 2003 RFF (aujourd’hui SNCF Réseau) annonçait que son potentiel était de 300.000 poids lourds / remorques par an et que le service pourrait être étendu à Ambérieu et Dijon. Le développement de l’AFA permettrait de soulager les vallées alpines de l’Arve et de la Maurienne de 25% chacune du trafic poids lourds en transit vers les tunnels du Mont-Blanc et du Fréjus. Un plus pour la qualité de l’air, la qualité de vie et l’activité touristique dans ces deux vallées.