Chamonix : PLU écologique et social

Dans le cadre de la révision de son Plan Local d’Urbanisme (PLU), la commune de Chamonix entend sanctuariser les zones naturelles, préserver les zones agricoles, favoriser le logement permanent et la transition écologique. Nous ne pouvons que soutenir cette avancée écologique et sociale, espérer qu’elle puisse réellement voir le jour, mais aussi faire des émules dans les communes voisines.

Une nouvelle loi pour mieux réguler les constructions

La loi Le Meur, de novembre 2024, permet de réserver des zones dans les PLU pour l'habitat permanent. Chamonix s'est emparé de ce nouveau dispositif et entend aller très loin pour garantir la destination "logement permanent" aux terrains restants à urbaniser.

Au total, 87,5% des zones constructibles seront réservées à l'habitat permanent dans le PLU en révision. L'ambition de la commune étant de convertir ou créer 1000 logements permanents dans les prochaines années. En application de la loi Zéro Artificialisation Nette (ZAN), 12 ha resteront constructibles dans le nouveau PLU:

  • 75%, soit 9 ha, seront réservés à l'habitat permanent, aucune nouvelle résidence secondaire ne pourra être construite sur ces terrains.

  • 25%, soit 3 ha, seront ouverts à la mixité sociale, dont 1,5 ha au logement très social.

L'offre hôtelière actuelle sera préservée, mais la construction de complexes hôteliers nouveaux ou le changement de destination vers des lits froids par exemple, ne sera plus possible. Il en est de même pour les zones artisanales, qui devront respecter cette destination, pour éviter leur transformation en activités touristiques ou en résidences.

140 hectares préservés pour le bien commun

90 ha de zones à urbaniser seront converties en zones agricoles et 50 ha en zones naturelles, pour préserver les prairies et espaces végétalisés riches en biodiversité.

De telles décisions en faveur de l'intérêt général, de l'environnement et des générations futures vont contrarier des intérêts particuliers. Nul doute que ce classement va provoquer une levée de bouclier de la part de certains propriétaires ou investisseurs, dont la valeur des biens passera d'un niveau stratosphérique à une valeur nominale.

Réduire l'impact du trafic routier

Relocaliser une partie de la population qui travaille à Chamonix permettra aussi de réduire les besoins de déplacements et l'impact de la circulation routière. L'exode forcé d'une partie de la population, en particulier des jeunes et des familles, vers des communes plus éloignées génère un trafic quotidien important entre les nouvelles communes de résidence et le lieu de travail dans la vallée de Chamonix.

Inverser la tendance en recréant des logements réservés à la résidence principale réduira les distances parcourues et permettra d'avoir naturellement davantage recours aux offres de transports en commun existantes à la mobilité douce (marche et vélo).

Restriction du nombre de lits froids

Face à l'explosion du nombre de logements proposés à la location touristique, facilitée par les plateformes de réservation numériques, la Communauté de Commune de la Vallée de Chamonix a adopté un règlement pour limiter la location de courte durée. Et ce, au profit du logement permanent. Ceci a été rendu possible grâce au classement de la vallée de Chamonix en tant que zone tendue touristique, via un amendement à la loi Alur adopté en 2023.

Ainsi, à partir du 1er mai 2025, la location de meublés de tourisme, sera limitée à un bien par personne physique à Chamonix et aux Houches et à deux biens à Servoz. Les communes réfléchissent à une solution pour faire rentrer aussi dans ce dispositif de régulation les personnes morales.

Cham, victime de son succès

La commune de Chamonix tente depuis de nombreuses années de protéger le logement permanent sur son territoire, qui est soumis à de puissantes pressions touristiques et spéculatives. Des logements sociaux ont été créés régulièrement depuis l'inauguration de trois immeubles HLM aux Pèlerins en 1959, mais cela n'a pas suffi. Cette politique a permis de stabiliser la population permanente à un niveau de 9000 habitants, après un décrochement dans les années 2000. 

Moins 13% de population permanente

Chamonix a perdu 13% de sa population permanente par rapport à son niveau le plus élevé de 10.000 habitants en 1999. Par comparaison, la commune de Megève, soumise à des pressions immobilières similaires, a perdu 56% de sa population permanente entre son niveau le plus élevé de 5.000 habitants en 1982, et 2021.

Si Chamonix a pu ralentir quelque peu l'exode de sa population permanente, les résidences secondaires représentent néanmoins aujourd'hui 70% du parc de logement. 600 hectares ont déjà été urbanisés sur la commune.