Limitation des poids lourds lors de pics de pollution
La circulation des poids lourds les plus polluants sera limitée, en cas de pic de pollution, dans la vallée de l’Arve, les vallées de Maurienne-Tarentaise et la zone urbaine des Pays de Savoie (Annecy-Chambéry). L’arrêté inter-préfectoral a été publié le 21 juillet, tel qu’il avait été proposé à la consultation en juin. Cette mesure qui, à elle seule, aura très peu d’effet sur l’amélioration de la qualité de l’air, a une forte valeur symbolique, voire historique, car la responsabilité du secteur des transports de marchandises dans la pollution de l’air locale est enfin reconnue par les pouvoirs publics, au plus haut niveau de l'état. Il aura d’ailleurs fallu dépenser une énergie considérable pour arriver à la publication de cet arrêté
Un tabou est levé en France
Le principe de la libre circulation des marchandises, qui semblait sacré jusqu’à présent, commence à montrer ses limites. La nécessité de protéger la santé s’impose discrètement dans l’esprit d’un nombre croissant de décideurs. Une évolution lente est en marche et il aura fallu, pour provoquer cette mise en mouvement, la concordance de nombreux facteurs, dont l'amélioration des connaissances sur la pollution de l’air et le travail de longue date de nombreux acteurs associatifs et politiques, ainsi que de médecins. Avec l’adoption de cet arrêté, qui a nécessité une validation au niveau ministériel, c’est un tabou qui est levé. Il devient enfin envisageable en France de restreindre la circulation des marchandises dans le but de protéger la santé.
L'arrêté, long et complexe à analyser et sans doute à appliquer, propose d'interdire la circulation des camions de plus de 7,5T en transit (qui ne font pas de livraison ou enlèvement dans les zones concernées), de norme EURO 3 et inférieure (les camions les plus polluants), en cas de dépassement du seuil d'alerte. Pour le trafic local, des restrictions sont imposées pour les camions de norme EURO 0 et EURO 1 uniquement, dans le but, précise le Préfet de Haute-Savoie, de ne pas pénaliser l'économie locale. Voir notre analyse plus fine ici
L'obtention de cette mesure concrète, aussi minime soit elle, est le fruit du travail de plusieurs associations, sur plusieurs générations et d'une mobilisation citoyenne remarquée et sans cesser renouvelée au pied du Mont-Blanc. Cette première victoire, tardive et symbolique, est celle de tous les sympathisants passés et présents de notre grand mouvement associatif. Merci à tous ceux qui se sont engagés à nos côtés ou nous ont précédé au sein de l'ARSMB, d'Environn'MontBlanc et d'autres associations, pour nous permettre aujourd'hui d'obtenir enfin une avancée concrète.
L'objectif reste le report vers le rail
Cette mesure est un socle sur lequel nous devons bâtir de nouveaux dispositifs pour que les marchandises puissent circuler «autrement», avec l'utilisation des capacités ferroviaires existantes pour la traversée des Alpes. La meilleure solution pour réduire les émissions des transports consiste bien évidement à transférer une partie du trafic routier vers le rail. Cette solution incontournable doit finir par s’imposer en France, comme elle peut l’être dans d’autres pays européens. La ligne historique historique du Mont Cenis, en Savoie, a bénéficié d'importants travaux et dispose actuellement d'importantes réserves de capacité.
La mesure annoncées doit marquer le début de l’application de l'ensemble du volet transport de marchandises du Plan de Protection de l'Atmosphère de la vallée de l'Arve. Il faudra impérativement imposer également des mesures pérennes afin de réduire l’impact des transports sur la qualité de l’air et diminuer la pollution de fond, sur l’ensemble de l’année, afin de véritablement protéger la santé.