eRoadMontBlanc

L'ATMB veut réinventer le rail... en moins bien

Financée par des fonds publics, l’expérimentation eRoadMontBlanc menée par l'ATMB (Autoroutes et Tunnel du Mont Blanc) tente de verdir l'image des poids lourds tout en pérennisant la domination du mode routier dans le domaine du transport de marchandises. Jusqu'où ira le lobby routier pour nous faire croire au camion “vert”?

La réinvention du rail, en plus polluant

Le projet de recherche eRoadMontBlanc entend expérimenter une solution de route électrique par conduction au sol, avec des camions électriques “en vue de décarboner massivement le transport routier” annonce l'ATMB.

Cette technologie implique la construction d'une piste d’alimentation électrique insérée dans la route pour recharger les poids lourds pendant qu’ils roulent. Un démonstrateur sur 420 m de piste à Transpolis dans l'Ain est en cours de construction.

Suivront des phases de test sur cette piste au début 2025, puis un test grandeur nature sur la RN205, route d'accès au tunnel du Mont-Blanc, en 2026/2027.

Plateforme d’expérimentation Transpolis @Université Gustave Eiffel

L'illusion du camion “vert”

Des poids lourds électriques ou rétrofittés en électrique seront nécessaires pour rouler sur ce type de routes. Or, la quantité de matériaux utilisés pour la fabrication de batteries électriques engendre de graves atteintes pour l'environnement. L'extraction du lithium en particulier est ultra-consommatrice d'eau, une ressource indispensable pour la vie et pour l'avenir.

Localement, le poids supplémentaires de ces batteries provoquera des émissions accrues de particules fines liées à l'abrasion des pneus et du bitume. Les émissions de microparticules de plastique et de carbone, présents dans les pneus, sont une menace pour la santé humaine, les écosystèmes et pour le climat. Ironique lorsque l'on annonce vouloir décarboner le transport.

En effet, ces microparticules se déposent partout dans l'environnement, même en haute montagne. On les retrouve dans les lacs de montagne, affectant la biodiversité qui en dépend et sur la neige et les glaciers, absorbant les rayons solaires au lieu de les réfléchir. La fonte des glaciers est alors accélérée. Ces microparticules se retrouvent ensuite dans l'ensemble du cycle de l'eau, jusqu'à la mer et les océans, et même dans la pluie.

Investissons plutôt dans le rail

C'est physique, 1 tonne transportée par le rail consomme 6 fois moins d'énergie que par la route. En d'autre termes, le rail est 6 fois plus efficace en énergie que la route, grâce à une inertie réduite (rail contre rail), alors que l'adhérence du pneu contre la route crée une inertie démesurée. Il faut donc un apport intense d'énergie pour mettre en mouvement un véhicule routier.

 
 

Pour “décarboner massivement le transport” de marchandises longue distance que transite par le tunnel du Mont Blanc, la solution la plus ingénieuse et la plus avant-gardiste est de développer le transport ferroviaire. Les grains réels, en prenant en compte l'impact des systèmes de transport en cycle de vie complet seront alors collosaux et inégalés, et pas uniquement à la marge.

De plus, le transport ferroviaire est pertinent pour les longues distances et tout à fait concurrentiel par rapport à la route.

Anne InspireCommentaire