AdBlueGATE - les camions trichent aussi

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Un scandale révélé par la presse allemande

La presse allemande a été la première à révéler que des poids lourds trichaient et pouvaient être équipés de boitiers qui contournent le système de dépollution. Les camions récents (EURO 5 et 6), sont équipés d’AdBlue, un liquide qui réduit considérablement les émissions de dioxyde d’azote (NO2), afin de permettre aux moteurs diesels de respecter les normes actuelles. Ce système de dépollution a d’ailleurs été présenté comme un bond technologique.

Or, pour que le système de dépollution fonctionne, le réservoir d’AdBlue doit être rempli régulièrement, au prix de 0,55 €/l environ. Afin de réduire leurs coûts, certains poids lourds sont équipés d’un boitier (commutateur), disponible sur internet pour moins de 100 €, permettant à leur camion de fonctionner sans AdBlue et de contourner ainsi le dispositif de dépollution. 20% des poids lourds circulant en Allemagne en seraient équipés. Les émissions supplémentaires liées à cette triche seraient deux fois supérieures à celles du Dieselgate aux États-Unis, d’après la presse allemande.

En Suisse, des contrôles ont montré que 30% des poids lourds étaient en fraude (suppression AdBlue, suppression filtre à particules…). Dans les pays du l’Est de l’Europe, ce taux pourrait monter jusqu’à 70%. Des campagnes de contrôles réalisées en Grande-Bretagne et en Espagne confirment que cette triche est généralisée sur toutes les routes d’Europe.

Documentaire allemand, qui a révélé le problème de la fraude à l’AdBlue

Le mensonge du poids lourd propre.  Zoom sur 2DF - le 18 janvier 2017.

En France aussi

La presse française a d’abord timidement parlé de cette fraude à l’AdBlue, puis le sujet est enfin sorti au grand jour en avril 2019, avec un reportage au 20h de France 2.

Voir l’article “Poids lourds - vers un nouveau scandale de fraude aux systèmes antipollution”

 

35% des poids lourds pourraient frauder au tunnel du Mont-Blanc

Partout sur les routes européennes, des camions d’apparence neufs émettent en réalité autant de dioxyde d’azote (NO2) que d’anciens poids lourds du début des années 1990, de norme EURO 1, une norme jugée trop polluante et interdite au tunnel du Mont-Blanc depuis de nombreuses années. Ces camions neufs relâchent dans l’air 5 à 22 fois plus de NO2 que la norme sous laquelle ils sont sensés rouler.

En extrapolant les résultats des contrôles réalisés dans d’autres pays européens, Inspire a calculé que 35% des camions du tunnel du Mont-Blanc pourraient frauder à l’AdBlue. Pas étonnant si, au bord de la route d’accès au tunnel du Mont-Blanc, le dioxyde d’azote n’arrive pas à baisser. L’amélioration des moteurs, que ce soit celle des véhicules légers comme celle des poids lourds reste donc “théorique”, face au double scandale des émissions du Dieselgate et de l’AdBluegate.

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Un polluant dans l’illégalité

Au bord de la route d’accès au tunnel du Mont-Blanc, dans la vallée de Chamonix, l’air est chaque année dans l’illégalité concernant, justement… le dioxyde d’azote.

La qualité de l’air liée aux polluants des transports dans une vallée de montagne, où circulent chaque année plus de 600.000 poids lourds et plus d’1 million de voitures pour emprunter le tunnel du Mont-Blanc, ne s’améliore pas.

La France devant la justice pour sa pollution routière

La Commission européenne a annoncé le 17 mai 2018 que la France, ainsi que l’Allemagne et la Grande Bretagne, seraient présentés devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) pour non respect des normes européennes pour le dioxyde d’azote (NO2), polluant émis majoritairement par les transports, principalement par les moteurs diesel. Les normes pour les particules (PM10) ne sont pas respectées en France, mais la Commission européenne considère notre pays est sur la bonne voie dans ce domaine.

Le 11 octobre 2018, une procédure dite "en manquement" a été lancée à l’encontre de la France. La Commission européenne veut faire constater par la Cour de justice de l'Union Européenne que la France ne respecte pas les valeurs limites annuelles pour le NO2, depuis 2010 dans 12 zones : Marseille, Toulon, Paris, Clermont-Ferrand, Montpellier, Toulouse, Reims, Grenoble, Strasbourg, Lyon, Vallée de l’Arve et Nice.

Dans la vallée de l’Arve, 70% des émissions de dioxyde d’azote proviennent des transports , selon ATMO Auvergne Rhône-Alpes.

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Les poids lourds doivent être contrôlés

Dès l’été 2017, les associations de la vallée de Chamonix, ont alerté le gouvernement au sujet de la fraude suspectée des poids lourds et, dans un communiqué commun, associations et élus ont demandé la mise en place de contrôles des poids lourds au tunnel du Mont-Blanc.

Lors d’une réunion de travail avec 3 ministres, en septembre 2017 à Chamonix, Nicolas Hulot et Élisabeth Borne ont tous deux annoncé leur volonté d'effectuer des contrôles des poids lourds en France et de le faire savoir. La France a ensuite testé des dispositifs qui permettraient de contrôler les poids lourds et détecter les fraudeurs à l'AdBlue, mais très peu de contrôles ont pu être réalisés.

Les premiers contrôles confirment la suspicion de fraude

Le 18 octobre 2018, une opération de contrôle des poids lourds a été menée sur l’A40 à Nangy. Le Messager relate que “Deux fraudes à l’AdBlue, qui coupent le système anti-pollution du poids lourds, ont été détectées sur deux camions, en quelques minutes. L’un est originaire de Bulgarie, l’autre de Pologne”. Les associations ARSMB et Inspire se réjouissent que des contrôles aient effectivement eu lieu et ont demandé qu’ils soient réalisés de façon régulière et publique pour dissuader les fraudeurs à l’avenir, dans un courrier envoyé au Préfet de Haute-Savoie.

En avril 2019, lors de la signature du PPA2, suite à nouvelle interpellation des associations locales, la DREAL a annoncé que la région était équipée de “deux valises, dont une en commande afin de réaliser ces contrôles”. C’est un début, mais c’est grandement insuffisant.