La pandémie invisible

 
 

Plus de 24.000 décès par jour

Une étude publiée le 3 mars 2020, montre que chaque humain perd en moyenne 3 ans d’espérance de vie à cause de la pollution de l’air. Elle cause 24.000 décès par jour à l’échelle mondiale. Comparée à d'autres causes de décès prématurés, la pollution de l'air tue 19 fois plus que le paludisme.

Alors que les guerres et la violence font 530.000 victimes annuelles, que le sida tue 1 million de personnes par an et que le tabac cause 7,2 millions de décès, la pollution de l’air tue 8,8 millions de personnes chaque année. Le chiffre est le double des estimations existantes de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), pour la pollution de l’air extérieur.

Une carte de l’effet de la pollution de l’air sur la santé

Les cartes que nous avons l’habitude de voir, montrent l’intensité de la pollution de l’air et semblent rassurantes en ce qui concerne l’Europe occidentale, qui voit moins “rouge” que l’Asie, l’Afrique ou l’Amérique Latine.

Cette carte inédite montre l’effet constaté de la pollution de l’air sur la santé humaine et sur la mortalité. Son impact en l’Europe est beaucoup sinistre que l’on pouvait l’imaginer. Le type de pollution à laquelle nous sommes exposés et la densité de population de l’Europe, engendre chez nous une forte mortalité liée à la pollution de l’air.

Nombre d'années de vie perdues à cause de la pollution atmosphérique (unités par 1000 km2)

Nombre d'années de vie perdues à cause de la pollution atmosphérique (unités par 1000 km2)

L’utilisation de combustibles en cause

Les deux tiers des 8,8 millions de décès prématurés sont imputables à la pollution atmosphérique d’origine humaine, principalement due à l’utilisation de combustibles fossiles. Ce chiffre peut monter jusqu’à 80% dans les pays à revenu élevé. En Europe, 2,2 années d'espérance de vie sont perdues en moyenne, dont 1,7 pourrait être préservées en réduisant drastiquement l’utilisation des énergies fossiles. 

Pour Jos Lelieveld, l’un des auteurs de l’étude, le désastre sanitaire pourrait être évité "en grande partie en remplaçant les combustibles fossiles par des énergies renouvelables propres".

Des programmes d’action… invisibles !

Alors que la lutte contre le tabagisme est une priorité de santé publique, la communauté médicale ne prête pas assez attention à la pollution de l’air. Les effets de la pollution atmosphérique sont multiples et peuvent être sévères. La pollution de l'air endommage les vaisseaux sanguins, entraînant une élévation de la pression artérielle, du diabète, des AVC, des crises cardiaques et des insuffisances cardiaques.

La pollution de l’air est aujourd’hui la plus grande violence faite sur la vie humaine !

L’étude et la méthode

L’étude a été réalisée par des chercheurs de l’Institut de Max Planck pour la Chimie et du Département de Cardiologie du Centre Universitaire Médical de Mainz (Allemagne) et publiée le 3 mars 2020.

Jos Lelieveld, Andrea Pozzer, Ulrich Pöschl, Mohammed Fnais, Andy Haines, Thomas Münzel - Loss of life expectancy from air pollution compared to other risk factors: a worldwide perspective, Cardiovascular Research, 2020.

Les chercheurs ont utilisé un modèle atmosphérique pour calculer l'exposition mondiale aux PM2,5 et à la pollution par l'Ozone. Ils l'ont ensuite combiné avec le Modèle de Mortalité d'Exposition Global (GEMM) pour finalement estimer la surmortalité et la perte d'espérance de vie (LLE) par maladie en 2015.

Article - The world faces an air pollution pandemic

L'OBS - La "pandémie" de la pollution de l'air réduit l'espérance de vie de 3 ans