CLIMAT ALPIN ET ÉVOLUTION
Coup de chaud sur les Alpes
Le climat évolue bien sûr naturellement, mais le réchauffement actuel se distingue par son changement très rapide et surtout inexplicable par des phénomènes naturels (activités solaires, éruptions volcaniques). Par conséquent, les scientifiques du monde entier attribuent ce réchauffement actuel, avec un degré de certitude de 95%, aux activités humaines (5e rapport du GIECC, 2014).
Le constat
Augmentation des températures
L’accélération du réchauffement est très net depuis les années 1980. Au cours des 30 dernières années, les températures moyennes ont bondi de +1° dans les Alpes du Nord françaises, ce qui est colossal. En tout, les températures ont augmenté de 2° dans les Alpes du Nord françaises, depuis l'ère pré-industrielle.
Évolutions constatées en hiver
Douceur et absence de périodes froides
Division par 2 du nombre de jours de gel à Chambéry, par exempleBaisse de l’enneigement
Division par 2 de l’enneigement à 1 000m à Chamonix en 40 ans
En Savoie, -15% à -25% de neige vers 1 500m
Les Alpes perdent 6 jours d’enneigement par décennie
Un mois et demi d’enneigement en moins est annoncé pour 2050
En été
Forte hausse des températures estivales
Accroissement des périodes de sécheresse
Risque de crues ou laves torrentielles au printemps et en fin d’automne
Élévation de l’isotherme 0°c de 300m
Augmentation de 15 à 20% du nombre de jours de dégel en haute montagne
Éboulements dû à la remontée du niveau du permafrost
Accès perturbé en haute montagne (Mont-Blanc, Écrins)
Les glaciers, sentinelles du climat
La Mer de Glace a perdu 2,3km depuis le milieu du 19e siècle et le Glacier d’Argentière 1,7km. En 30 ans seulement, le Glacier des Bossons a perdu 1km, sous nos yeux attristés, qui ne peuvent que constater sa rapide déperdition. Les spécialistes nous disent que la Mer de Glace pourrait perdre encore 1km dans les 30 prochaines années. Chaque année, 15 à 20 marches supplémentaires doivent être taillées dans le rocher pour atteindre la Mer de Glace depuis le Montenvers. La perte en épaisseur de ces glaciers est également majeure : 100m pour la Mer de Glace et 90 m pour le Glacier d’Argentière, à 1 800m d'altitude. En conséquence, ce sont les stocks en eau douce de l'Europe qui fondent sous le soleil des Alpes.
Le risque d’apparition de lacs inter-glaciaires et de poches d’eau et leur vidange brutale est réel et déjà observé au glacier de Tête-Rousse. En 2010, une poche de 65 000 m3 d’eau a été découverte et il a fallu la purger d’urgence, en 2010, mais aussi en 2011, et 2012.
Les glaciers froids, situés au dessus de 3 500 m d’altitude se réchauffent aussi de façon préoccupante. La température interne de la glace a augmenté de +2°c depuis 1994, au Dôme du Goûter, à 50 m de profondeur. Ces glaciers sont souvent des glaciers suspendus. L’augmentation de la température engendre un risque majeur: si de l’eau réussi à couler entre la glace et l’appui du glacier sur la montagne, le glacier pourrait alors glisser et tomber, avec des conséquences cataclysmiques pour les vallées en contre-bas.
En prenant une hypothèse de réchauffement modéré (+3°), tous les glaciers alpins pourraient disparaitre au dessous de 3 700 m, avant la fin du siècle.